Le monde elfique d'Amras Anárion

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Petite frise elfique noire


  Chapitre IV : L’Ascension divine


  Ainsi, Akatosh convoquera l’Élue au sommet de la Gorge du Monde. Aidée par les vents de Kynareth, la Fille de Dragon affrontera les dangers de la route et réussira l’ascension. Jugée digne par le Dieu du Temps, l’étendue de ses pouvoirs et sa raison d’être lui seront révélées.


Frise Dragon Skyrim


  Fredas 22 Vifazur, 201ème année de la 4ème Ère


  En quête d’un compagnon à Rivebois


  Tandis que je m’imaginais en train d’enjamber un cheval, ma pensée inconsciente me fit chevaucher un Dragon doré. Dans mon esprit, il me révéla qu’il devait me conduire vers un lieu important. Prenant son envol à proximité d’Helgen, il prit la direction de la plus haute montagne de Bordeciel : celle qui s’élevait juste au-dessus de Rivebois. Une fois là-haut, il me déposa. C’est alors qu’Akatosh me parla :

 – Fëalóciel, viens me rejoindre au sommet de la Gorge du Monde. Une fois l’ascension accomplie, tu méditeras afin que je puisse te révéler un secret…

 – Comment pourrai-je atteindre le sommet ? D’après les légendes, il y a presque huit mille mètres d’altitude et le froid y est extrême. Aucun mortel ne peut y survivre.

 – Je te bénirai ma fille. N’aie crainte concernant l’air et le froid. Ton pied sera léger. Sur ton chemin, trouve une statue de Talos afin que je puisse te sanctifier. Par la suite, seule, tu graviras la montagne hors des sentiers battus.


Chevauchée d'un Dragon Ancestral


  Me réveillant, je compris ce que j’avais à faire : telle était la volonté du Divin. Cependant, je ne pourrai réussir seule… Du moins pour le début du trajet. Akatosh avait bien dit que je devrai être seule après avoir trouvé la statue de Talos. Mais avant…

  C’est décidé : j’irai faire appel à un compagnon pour cette Quête divine. J’espère que Faendal sera d’accord…


Les enfants jouent à Rivebois


  Quittant la demeure de Gerdur de bon matin, je souris à l’idée de voir les enfants s’amuser à Rivebois. Croisant Faendal non loin de là, je le saluai et le proposai de me suivre dans mes aventures.

 – Cela serait un honneur de t’accompagner dans ce périple ma sœur. Après ce que tu as fait pour moi, je te suivrai n’importe où. Je te demanderai une chose en échange : que notre butin soit partagé… Disons que cela sera ma récompense après tout ce temps passé à tirer à l’arc avec toi.

 – Justement : si nous allons nous entraîner un peu plus, histoire de nous échauffer avant notre départ ?

 – Toujours aussi avide de connaissance, hein ? Mais avant, promets-moi de m’offrir ce dont j’ai toujours rêvé en tant qu’Elfe : une armure complète digne de ma race ainsi qu’un arc et une dague, toutes forgées dans le vif-argent. Mes chasses et mon travail à la scierie de Rivebois ne m’ont jamais permis de gagner assez pour un tel équipement. Je dois me contenter de vêtements en cuir et d’un arc de chasse. C’est aussi la raison pour laquelle je n’ai jamais osé partir à l’aventure…

 – Je te comprends tout à fait. Les prix des marchands sont exorbitants. D’après les quelques articles que j’ai vus à Blancherive, une pièce d’équipement elfique coûte vers les mille septims, et cela est doublé pour du verre. La seule chose en vif-argent que j’ai pu acquérir, c’est ce bouclier.

  Faendal semblait émerveillé par mon écu elfique.

 – Tu l’as acheté ?

 – Non, je n’en avais pas les moyens. C’est lors d’une excursion dans un donjon que j’ai pu l’arracher des mains d’un Chef Bandit…


  Après avoir résumé mon escarmouche contre les bandits, Faendal devint tout excité. Je me doutais qu’il me jalousait.

 – Tu es partie à l’aventure et tu as vaincu ces hors-la-loi à toi toute seule ? Comment cela s’est-il passé ?


  Afin d’assouvir sa curiosité, je lui racontai l’intégralité de mon périple au Campement de la Lune Silencieuse et les tactiques que j’ai employées pour survivre à cette épreuve. Rassuré par mes prouesses de combat, Faendal devint encore plus motivé pour explorer la Gorge du Monde.

 – Et si nous allons nous entraîner sous ce beau soleil ? suggéra l’Elfe Sylvain.

 – D’accord. À défaut d’avoir un meilleur équipement à te donner, j’utiliserai mes compétences de Forgeage pour améliorer le tien afin de te remercier.

 – C’est avec plaisir que j’accepte ton offre. Maintenant, partons dans les bois alentours et chassons toute la matinée !


  Après ce énième cours d’archerie offert gracieusement par l’Elfe, midi arriva rapidement. Nous nous dépêchâmes de rejoindre la forge de Rivebois.


Fëalóciel à la forge d'Alvor


  Sous l’œil bienveillant d’Alvor et de quelques enfants curieux, je fis fructifier les matières premières acquises au Camp de la Lune Silencieuse et améliorai mon équipement. Conformément à ma promesse, j’en fis de même avec le barda de Faendal en remerciement de son entraînement.


  Une fois mes mains lavées du charbon de la forge, je me rendis au Marché de Rivebois afin de me délester de mon butin inutile, non sans avoir un peu amélioré mon Éloquence. Ceci dit, il me restait un très long chemin à faire si je ne voulais plus me faire plumer par ces marchands et espérer acquérir un équipement elfique à un prix raisonnable… au moins de le forger moi-même !



  Les Thalmors contre l’Hérétique Draconique


  L’heure du départ sonna. Expliquant précisément mes intentions à l’Elfe des Bois, il me déclara :

 – N’aies crainte : je te suivrai aussi loin que mes capacités me le permettront. Dès que le froid sera trop intense, je m’arrêterai et t’attendrai. Gravir le plus haut sommet de Bordeciel me renforcera et me permettra de connaitre mes limites.

 – Je te remercie mon frère. De toutes manières, la fin de mon ascension devra être accomplie seule. Partageons nos potions et allons-y.


  Rassurée par le fait qu’il me protégera au pied de la montagne – zone il y aura très probablement des ennemis contrairement aux hautes altitudes inhospitalières – nous partîmes par le petit chemin Est de Rivebois : un raccourci selon Faendal.



  Après une heure de route, nous campâmes au crépuscule. L’Elfe m’appris une ultime technique de tir à l’arc.


Faendal m'apprend l'Oeil de Lynx


 – Voici comment utiliser l’Œil de Lynx. Tu concentres ton énergie sur ton regard, ce qui te permettra de te focaliser sur ta cible. Avec de l’entraînement, tu auras même l’impression que le temps s’écoule moins vite.

 – Merci Faendal. Au fait, que sais-tu de la Gorge du Monde ?

 – D’après ce qu’on en dit, il s’agirait du plus haut sommet de Tamriel et il s’élèverait à presque huit mille mètres d’altitude. Rivebois – située mille mètres au-dessus du niveau de la mer – fait pâle figure. Mais si cette montagne est connue, c’est plus pour son monastère perché aux deux tiers de sa hauteur : le Haut Hrothgar. On s’y rend par un mythique escalier de sept mille marches qui commencerait à proximité de Fort-Ivar, à quelques dizaines de kilomètres de là. Je compterai bien deux jours pour atteindre cette ville puis un autre jour pour gravir les marches. Sache que les marches du Haut Hrothgar sont à l’échelle des Nordiques : hautes, larges et taillées à même la montagne ! Le dénivelé entre la première et la dernière est d’au moins deux mille mètres. J’ignore si je serai capable d’atteindre le monastère… Si j’y arrive, ça sera un exploit.

 – Impossible de gravir la montagne de flanc ? Car d’après ma carte, cette ville est bien loin…

  L’Elfe des Bois observa mon atlas et pointa un endroit sur la pente Sud du mont.

 – Le chemin des sept milles marches passe par là d’après mes souvenirs. Peut-être qu’on gagnera un jour de marche en coupant par ici.

 – Tentons ce raccourci alors.



  Une fois rassasiés, nous reprîmes la route alors que la nuit était tombée. C’est alors que nous aperçûmes trois Thalmors devant nous. Ils semblaient chercher quelque chose… Amis ou ennemis ? Consultant Akatosh, il me donna la réponse :

 – Ils savent déjà qui tu es : c’est toi qu’ils recherchent justement… Les vaincre sera extrêmement difficile mais nécessaire si tu veux poursuivre ta route. Rassemble ton courage et ne crains pas la mort ma Fille.

 – Et concernant mon compagnon ? Le protègeras-tu ?

 – Je le préserverai des Ailes de la Mort tout comme toi.


  Sans plus tarder, je prévins Faendal du danger et lui fit part de ma stratégie, rassurée par les dires de ma divinité protectrice.

 – On les prend à revers, puis on les arrose de flèches tout en gardant nos distances.

 – Et s’ils sont trop forts ? Ce sont des Thalmors tout de même ! Leur cruauté est crainte des Nordiques eux-mêmes !

 – Nous ne pourrons les éviter, alors surmontons notre peur… Voici ce que je te demande : essaye de les distraire en essayant de les semer. Joue sur la défensive et fais jouer le temps en notre faveur. Ah… Et une dernière chose : ne crains par la mort. Akatosh nous protège.

 – Je n’ai jamais prié les Divins… Mais puisque tu es à mes côtés, je veux bien essayer de croire en ton Dieu…

  Bien qu’il doutât de ma dernière phrase et que son moral ne semblait pas optimal face à de tels adversaires, il m’était loyal et se sentait prêt à m’accompagner pendant l’assaut.

 – Allons-y !


  Pistant discrètement les trois Thalmors, j’armai mon arc. Akatosh me prévint de ne pas m’approcher plus. Sinon, ils détecteront ma présence.

 – Ils sont encore à cent mètres. Je ne peux vraiment pas m’avancer un peu plus ?

 – N’oublie pas qu’ils te cherchent et qu’ils sont en alerte. Aie confiance en ta flèche. N’oublie pas que ce Faendal t’a enseigné. Si je veille à ce que tu puisses recevoir gracieusement de tels entrainements, c’est pour m’assurer que tu puisses triompher et ainsi accomplir ta destinée…


  Respirant un bon coup, j’usai de l’Œil de Lynx afin de focaliser mon regard. Décochant ma flèche avec foi, elle atteignit sa cible, portée par les vents de Kynareth. Merci ô Divins et Faendal !

  La réaction des Thalmors ne tarda pas :

 – On nous attaque !

 – Tulcénë Cuilion ! …Là, des ennemis derrière nous ! Caivo Angaina !


  Comment ont-ils fait pour savoir où j’étais cachée ? Je m’étais mise à couvert derrière un rocher après le tir.

 – Ils ont utilisé la Détection des Vivants me fit remarquer Akatosh. Prépare-toi, car ce sont de puissants Sorciers.


  La bataille commença. Je reçus en pleine face un éclair, me contraignant à me soigner dès le début. Avalant hâtivement les bonbons d’Elsweyr que j’avais préparés chez Hod, leurs bienfaits en Mana et en Santé me furent salutaires.

 – Caivo Nornova ! criai-je pour préserver mon corps.


  Lorsque mes ennemis m’engagèrent au corps-à-corps, leur chef déclara :

 – Te voilà enfin Fëalóciel, fille d’Elenwen la Félonne de Talos !

  Akatosh avait raison : ils connaissaient déjà mon nom.

 – Comment savez-vous qui je suis ?

 – Il y a cent soixante-seize saisons, toi et tes parents avez souillé le Temple d’Auriel. Pendant tout ce temps, nous t’avons recherchée, toi, l’Hérétique Draconique ! Bien que tu aies échappé à deux reprises aux griffes de la Garde Impériale, cela ne sera pas le cas face à nous ! Tu es à notre merci !

 – Comment le savez-vous ? Qui êtes-vous ?

 – Suite au sacrilège que toi et tes parents avez commis, tu es sous le coup d’un Arrêt de Mort Aldmeri décrété par Naarifin, et nous allons l’exécuter. Par la volonté éternelle d’Auriel et de notre ancien Roi, craint la colère des Justiciars Thalmors !


  Akatosh s’offensa de ce blasphème :

 – Fëalóciel, fais regretter leurs paroles à ces infidèles. On n’utilise pas impunément mon nom à des fins malsaines !

 – Avec plaisir ! lui répondis-je mentalement.


  Dégainant la Masse lunaire que j’avais trouvée au Camp de la Lune Silencieuse, je répliquai :

 – Craignez le pouvoir du Dieu Dragon et de Talos traîtres à votre race ! Je ne crains par la mort !

 – C’est toi la traîtresse Hérétique Draconique !

 – Tinwi ! lançai-je avec une main.

  Le sort n’affecta que peu la Justiciar.


  Oh, une Novice en Destruction ! railla la Haute-Elfe. Je vais te montrer ce qu’est un vrai sort de Foudre ! Ítar Hostala !

 – Ma fille ne trépassera point !

  Ainsi, le Pouvoir Temporel d’Akatosh empêcha le sort mortel de me frapper.


 – Qui a parlé ? Comment as-tu pu esquiver mon sort ? Tu étais juste devant moi !


  Jaillissant du rocher sous lequel je m’étais cachée, je répliquai :

 – Sache qu’Akatosh – ou Auriel dans votre langue – me protège.

 – Hérétique ! Tu oses salir le nom de notre Dieu ! Nyaaah !

 – Estónë ! clamai-je à nouveau tout en esquivant un autre sort de Foudre.

  Le coup de dague m’avait écorchée. Heureusement que j’avais lancé Corps de Chêne.


  Évitant tous leurs sorts qui m’auraient tuée en un coup avec la grâce d’Akatosh, je rengainai ma masse puis leur lançai :

 – Une dernière chose chers Justiciars : je ne suis pas Novice, mais Apprentie en magie, et je sais utiliser mes deux mains pour la rendre beaucoup plus puissante ! Tinwi !

 – Urgrrr !


  Malgré ses coups de dagues désespérés, ma volonté ne faillit point. L’accablant sans fin de mes éclairs, je réussis à lui siphonner tout son Mana !

 – Altmers, venez m’aider !


  Sans le faire exprès, je venais de sauver la vie à Faendal qui se trouvait encerclé par les deux autres Justiciars et dans un état critique à ce moment-là.

 – Nous arrivons maîtresse !


  À trois contre un, je n’avais aucune chose. Usant de la bonne vieille méthode qui consistait à frapper puis à courir, je me réfugiai sur les hauteurs. Étant en simple robe et eux en armure, j’arrivai facilement à les distancer.

 – Viens par-là traîtresse !


  M’accroupissant derrières des fourrés, deux des trois Thalmors me perdirent de vue. Ce fut l’occasion d’en prendre un en embuscade et de lui asséner un sérieux coup de Masse lunaire. Il répliqua par un sort de Feu (que j’esquivai une fois de plus) et un coup de dague (que je me pris). Reprenant mes distances tout en me soignant avec des potions, je passai à l’arc.


 – Leurs sorts sont quasiment impossibles à éviter au corps-à-corps, ce qui m’oblige à user du Pouvoir Temporel d’Akatosh à tout vent. Il me faut toujours combattre à côté d’un rocher qui peut me servir d’abri, pensais-je.

 – Va soutenir Faendal. Il a besoin de ton aide !


  L’avertissement du Dieu Dragon sonna comme un coup de fouet ! Je l’avais oublié !

 – Faendal, es-tu là ?

  Lorsque je le trouvai, je le vis s’écouler. Non !

  C’est alors que le coup de grâce porté par l’un des Thalmors passa à travers lui sans le blesser.

 – J’ai décidé de le faire passer hors du Temps. Il sera ignoré des Justiciars pendant un moment.


  Les Thalmors poussèrent un juron face à ce miracle.

 – Je ne peux le blesser !

 – Ignore-le, imbécile ! À terre, il n’est plus une menace ! C’est elle que nous voulons !

 – Toi… cria leur chef avec rage…


  Trois éclairs foncèrent vers moi. Tous me manquèrent.

 – Tu te soignes, tu esquives tout ! Mais quelle chance insolente tu as ! jura l’un des Thalmors.


  Gardant autant que possible mes distances tout en tentant de les isoler, je leur assénais un coup de masse ou une flèche seulement lorsque j’étais sûr de pouvoir survivre à l’une de leurs contre-attaques.


  Exaspéré, l’un finit par commettre l’erreur de me rejoindre seul sur mon tumulus. Tandis qu’il s’avançait vers moi, je le vidais de son Mana avec mon sort d’Étincelles. Lorsqu’il m’engagea au corps-à-corps, il n’avait plus de Magicka pour m’infliger un éclair mortel. Un duel épique s’engagea. Je le dominai avec ma Masse lunaire et mon Bouclier elfique.

 – Tu as sali le nom d’Akatosh et souillé l’honneur de ta race !

 – Pitié, non !

  Je lui explosai le crâne avec ma masse. Les deux autres arrivèrent trop tard pour l’épauler.


 – Saleté de vermine ! Tu vas voir de quel bois je me chauffe ! Airellë Animova Rinítava !


Les Justiciars Thalmors contre Fëalóciel et Faendal


  La Justiciar avait invoqué un Atronach de Foudre, le plus puissant des Golems élémentaires. Je n’avais aucune chance de le tuer. C’est alors que je voulus crier. Il ne se passa rien, mais l’onde désordonnée de Magicka qui en jaillit fit douter mes ennemis durant une seconde.

 – Attaque cette renégate ma créature !

 – Nurmea Sandas !


  Je contrai la foudre mortelle de l’Atronach. Faisant appel à mon pouvoir Régalien, une course folle s’engagea. Alors Faendal se leva, de nouveau en plein forme.

 – Je le renvoie dans le Temps. Tu auras besoin de son aide.


  En effet, l’Elfe des Bois put distraire l’Atronach et son invocateur, me permettant d’affronter en combat singulier le Thalmor restant.

 – Tu vas brûler Hérétique !

 – Tinwi !

 – Ítar Hostala !


  Une fois de plus, mon ennemi ragea à l’idée d’avoir encore manqué sa cible, ce qui ne fut pas mon cas. N’ayant plus de Mana pour m’achever, le Justiciar m’attaqua à la mêlée et usa de son pouvoir de Haut-Elfe pour restaurer sa Magicka.

  Je savais qu’il ne fallait surtout pas lui laisser reconstituer ses réserves de Magie vu que je le combattais en terrain découvert. Alors j’ingurgitai mes dernières potions renforçant ma régénération de Mana afin d’être toujours prête à le foudroyer au moment importun.

 – Attention : il est sur le point de pouvoir incanter ! me prévint Akatosh.

 – Tinwi !


  Grâce aux prédictions de mon Dieu, jamais mon ennemi ne put réunir suffisamment de Mana pour lancer son sort. Cela me permit de l’avoir à l’usure. Heureusement que la Masse lunaire infligeait des dégâts supplémentaires grâce à la lumière de Masser, car leur charme du Corps de Fer était difficile à percer.


Les Justiciars Thalmors contre Fëalóciel


  Lorsque le Haut-Elfe – achevé par mes mains étincelantes – rendit son dernier souffle, je me retournai et fus surprise de voir un éclair passer à un mètre de moi.

 – Faendal est de nouveau hors du Temps. Maintenant qu’il ne te reste plus qu’un adversaire, tu devrais pouvoir triompher seule.


  Il me fallait distancer son Atronach de Foudre. Sautant en contrebas du chemin, je me blessai lors de ma chute. Qu’à cela ne tienne : mon ennemie perdit ma trace !


  M’accroupissant, je me soignai discrètement. Lorsque que la chef Thalmor apparut, je savais qu’elle était affaiblie par mon premier accrochage. Et vu le nombre de flèches cassées qui parsemaient son armure, j’en déduis que Faendal l’avait bien amochée.

 – Ítar Hostala !

 – Tinwi !


  Cela sera sa dernière incantation. Lui faisant subir le même sort que ma précédente victime, elle fut contrainte d’affronter son « Hérétique Draconique » au corps-à-corps. La Thalmor fit de la résistance en ingurgitant une ultime potion de soin, mais elle n’eut le droit à aucune pitié de ma part. Ainsi fut la volonté d’Akatosh.


  Dépouillant ma victime, je trouvai sur son corps une note avec le sceau de l’ambassade du Thalmor.


Arrêt de Mort du Thalmor


 – L’Hérétique Draconique ?

  Lisant le parchemin, j’appris que j’étais une menace majeure pour le Thalmor et que je devais être « anéantie » par tous les moyens.

  Au verso, je lus une mise en garde comme quoi, il serait très probable que je sois protégée par des pouvoirs surnaturels. Et il eut ceci :


  Fëalóciel a échappé à l’embuscade que les Impériaux ont menée aux Ruines Ayléides de Rielle après leur avoir indiqué qu’un Culte de Talos serait rendu à cet endroit. L’hommage interdit ayant eu lieu, nous avons maintenant la preuve qu’elle est bel et bien l’Hérétique Draconique. D’après les Écrits, elle représente un grand danger pour notre suprématie en Bordeciel et mettra en péril notre autorité.

  La Prophétie mentionnait qu’en cas d’échec de son arrestation à Rielle, Fëalóciel fuirait à Bordeciel et aiderait les Sombrages. Par conséquent, nous avons organisé avec les Impériaux une autre embuscade le lendemain même au sud d’Helgen. D’une pierre deux coups, l’Hérétique Draconique fut arrêtée en même temps que le Jarl de Vendeaume. Prétextant qu’elle allait rejoindre la Rébellion, cela suffit pour que les Impériaux la condamne à mort. Cependant, à cause de l’arrivée d’un Dragon dont elle tire sa force, elle s’est encore échappée.

  Selon nos espions, elle rôde actuellement dans la Châtellerie de Blancherive. Il est vital qu’elle soit neutralisée avant qu’elle ne devienne trop forte. La raison de sa mort devra rester secrète, même auprès des Impériaux.


Rulindil


  « Un Dragon dont elle tire sa force » ? Akatosh devra m’éclairer sur cette question.

 – Pas avant que tu n’aies accomplie ton ascension ma fille…


  Cependant, je n’osai imaginer le sort qu’ils ont réservé à ma mère. C’était donc eux qui étaient derrière ces embuscades ? Ralof disait vrai : le Thalmor sème la discorde. Il doit être arrêté !

  Pour quelle raison voulaient-ils ma mort à tout prix ? Tant de questions que je me posais… Il me fallait gravir la Gorge du Monde au plus vite pour avoir ces réponses !

  En tout cas, je me jurai de tuer chaque membre du Thalmor que je croiserai. Avulstein et ma mère avaient raison de les craindre. Ils ont plongé ma race vers la déchéance.



  Partant à la recherche de Faendal, il me fallut un quart d’heure pour le retrouver. En effet, il s’était soigneusement caché derrière un rocher et demeurait tout tremblant.

 – Fëalóciel, c’est toi ?

 – N’aie crainte. Que s’est-il passé ?


  Le soutenant, il se leva avec difficulté.

 – Ces Thalmors, ils ont failli me tuer à plusieurs reprises. Mais à chaque fois que je voyais la mort venir, je fus comme emporté dans un autre monde pendant quelques temps, plongé dans l’inconscience. Lorsque je retrouvai mes esprits, je me retrouvai en pleine forme, toujours aux griffes de ces Justiciars. Ce fut un cauchemar qui n’en finissait jamais.

 – Tout est fini maintenant. Ils sont morts.

 – Pourtant, ils étaient bien plus forts que nous. Tu les as vaincus ?

 – Oui. Grâce à ton aide, j’ai pu les isoler et en venir à bout. Je te remercie mon frère.

 – Pourquoi ai-je survécu ?

 – C’est grâce à Akatosh qui t’a protégé. Ce que tu as vécu est un peu mon quotidien pour tout t’avouer… Crois-tu en lui et en Talos maintenant ?


  Il rougit. Tant de souffrances dans ce combat insurmontable, mais il demeurait toujours en vie et sans la moindre blessure.

 – C’est un miracle !

 – Oui.

  Je le laissai reprendre ses esprits quelques temps…

 – Maintenant que tu t’es remis du choc, poursuivons notre chemin. La nuit avance, et il nous sera difficile de trouver une auberge sur ces routes perdues.



  Ainsi, nous reprîmes la route en direction d’Helgen, trottant joyeusement dans la nature sans rencontrer le moindre ennemi. Sur le chemin, je répondis aux questions de l’Elfe des Bois, abreuvant sa curiosité concernant mes pouvoirs et ma protection divine.


  Minuit arriva lorsque nous atteignîmes Helgen, mais il n’y avait nulle endroit où dormir : tout avait brûlé !


En direction du Col de Fort-Ivar


  Continuant notre voyage, nous suivîmes un long chemin ascendant pendant trois heures sur la face Sud du Haut Hrothgar. Un blizzard se leva.

 – J’ignore à quelle altitude nous sommes, mais nous ne sommes pas loin des trois mille mètres. Je commence à avoir du mal à respirer. Le sommeil m’alourdit et le froid m’entaille ! se plaignit Faendal.

 – Ô Akatosh, viens-nous en aide comme tu m’as soutenue lorsque je suis arrivée en Bordeciel ! clamai-je.

  Ma prière fut exaucée. Le Dieu Dragon nous bénit afin de nous préserver du froid et de la rareté de l’air. De plus, nous vîmes une lumière à gauche du chemin !

 – Un feu de camp ! Nous sommes sauvés.


  Oubliant nos souffrances, nous atteignîmes la source de chaleur cent mètres plus loin. C’était le Camp des Sombrages d’Épervine. Lorsque je leur montrais l’équipement Thalmor tâché de sang, ils comprirent immédiatement que nous étions des alliés. Le gîte et le couvert nous furent offerts sans hésitation. De plus, le forgeron de la division acheta avec plaisir l’équipement des Justiciars, à l’exception de deux paires de brassières elfiques légères que je gardai pour moi et Faendal.


Le Camp des Sombrages d'Épervine


  Lorsque je m’endormis, je fus heureuse d’être à l’abri de cette tempête de neige… Mais il semblerait qu’elle se soit arrêtée…



  Loredas 23 Vifazur, 201ème année de la 4ème Ère


  Les mercenaires d’Olfrid Guerrier-Né


  Durant cette courte nuit, je fis un nouveau rêve mystique avec Akatosh.

 – Ô ma fille au Sang de Dragon, un nouveau jour se lève. Pour réussir l’épreuve, tu devras atteindre le sommet de la Gorge du Monde aujourd’hui même avant le coucher du soleil.

 – Comment cela me sera possible en une journée ? Il m’a fallu une nuit entière pour atteindre ce camp et je ne suis même pas à la moitié du chemin.

 – La rapidité est la clé de cette quête. Ne t’attarde pas si tu veux arriver à l’heure, car ne pas atteindre le sommet avant le crépuscule sera synonyme d’échec. Tu dois prouver que tu es digne du sang qui coule dans tes veines.

 – Si j’échoue, que se passera-il ?

 – Tu n’échoueras point, car je t’aiderai Fëalóciel. Pour ta première visite de la montagne sacrée, tu ne craindras ni le froid, ni la rareté de l’air. Il en sera de même pour ton compagnon. Tel l’air, voyage léger par-delà les nuages et accomplis l’ascension la plus rapide du Haut Hrothgar que Nirn n’ai jamais vue. Coupes à travers la montagne, puis va jusqu’au Monastère de la Voix où tu devras continuer seule par la suite. N’oublie pas : la statue du digne Talos te permettra de trouver ton chemin par-delà le temple du Haut Hrothgar.

  Akatosh murmura une incantation dans un ancien langage. Il insuffla à moi et à Faendal le Souffle de Kynareth et la Chaleur Draconique.

 – Mon don durera jusqu’à la nuit noire. Maintenant, va ma fille ! Je t’attendrai au sommet de la montagne sacrée.


  Le rêve s’acheva sur une explosion lumineuse qui me réveilla. Une douce chaleur brûlait dans mon corps et ma respiration était détendue. Durant quelques secondes, je m’étais crue dans le lit de La Jument Pavoisée, mais les frappes d’un marteau sur une enclume me rappelèrent que je me trouvais dans un camp de Sombrages à trois mille mètres d’altitude.


 – Debout Faendal ! Un long chemin nous attend aujourd’hui.

 – Hein ? Quoi ? Le soleil vient à peine de se lever, marmonna l’Elfe des Bois tout en bâillant.

 – Tu es un Elfe. Quatre heures de sommeil te suffisent, non ?

 – Bien entendu. Mais la journée d’hier fut tellement riche en émotions que j’aurai aimé dormir un peu plus… Quelle douce chaleur, je me sens bien…


  Lui infligeant un coup de pied dans le dos pour le forcer à se lever, je lui fis remarquer que grâce à bien-être d’origine divine, il n’aura pas à craindre le froid et l’altitude.

 – Quoi ? Ah oui, nous sommes montés si haut ? J’avais l’impression d’être encore à Rivebois…

 – Et pourtant, nous avons déjà accompli le tiers de l’ascension de la Gorge du Monde.


  Tout en se frottant les yeux, Faendal fut surpris de ne pas avoir froid alors qu’il neigeait légèrement. Pour être plus précis, nous étions au cœur d’un nuage givreux.

 – Quelle purée de pois ! pesta un Sombrage. On ne voit pas à plus de cinquante mètres, et ça caille !

 – Tu es un Nordique, non ? Les Nordiques ne craignent pas le froid ! lui fit remarquer son compagnon.


  Cela m’amusa de savoir que sans être une Nordique, je ne sentais nullement le givre me mordre. Faendal et moi fûmes très reconnaissants envers Akatosh pour ce don.

 – Mon corps croyait avoir atteint ses limites hier soir, mais grâce à ton Dieu, je me sens capable de gravir cette montagne, me fit remarquer l’Elfe Sylvain plein d’espoir.

 – Ne perdons pas de temps. Prenons notre collation avec ces braves Sombrages, puis partons.


  Remerciant les soldats pour leur hospitalité, nous prîmes congés d’eux. L’aventure nous appelait.

 – Bon courage pour votre pèlerinage au Haut Hrothgar.

 – Merci à vous Sombrages. Que Talos vous guide !



  Une demi-heure plus tard, nous atteignîmes le col de Fort-Ivar. Un messager à cheval nous doubla à plein galop, ignorant notre présence.


Un messager de passage au Col de Fort-Ivar


 – Tu parlais d’un raccourci Faendal ? Où est-il ?

 – J’ai beau à regarder, je ne vois pas de chemin praticable pour atteindre les Sept Mille Marches. Avec ce brouillard, il est difficile de savoir où on va.


  Regardant le chemin devant moi, je vis que la route descendait, ce qui signifiait qu’on s’éloignerait de notre objectif.

 – Bon, je veux bien poursuivre sur ce chemin pendant dix minutes, mais si nous ne trouvons pas un sentier praticable, nous reviendrons ici et escaladerons la montagne de front.


  Dévalant la pente avec le sentiment de perdre mon temps, je découvris l’entrée d’un Donjon baptisé la Honte d’Haemar. Cependant, le chemin descendait de plus en plus sans proposer une autre direction que Fort-Ivar.

 – Je pense que nous sommes bons pour de l’escalade…


  Rebroussant chemin, nous retournâmes au sommet du col. Me tournant face au nord, je pris mon élan et commença à gravir le mur rocheux.

 – Tu es sûre de toi Fëalóciel ?

 – Oui, suis-moi.


  Sautant de rocher en rocher, l’ascension n’en demeura pas moins lente et périlleuse. À plusieurs reprises, je me retrouvai à des endroits où je n’avais plus de prise, ce qui m’obligea à redescendre de quelques mètres pour trouver un autre chemin.


Escalade difficile au Col de Fort-Ivar


  Cependant, nous ne perdîmes pas espoir. Grimpant sans relâche, nos efforts finirent par être récompensés : après trois heures d’escalade, nous pûmes enfin fouler le chemin des Sept Mille Marches !


 – Ce n’est pas trop tôt, me fit remarquer Faendal. Grâce à Akatosh, je ne souffre nullement de l’épuisement ou du froid ; mais à cette vitesse, il te faudra trois jours si tu veux atteindre le sommet.


  Heureusement que le Souffle de Kynareth et la Chaleur Draconique nous libèrent des contraintes de l’altitude, pensais-je. Cependant, l’Elfe des Bois avait raison : trois heures pour gravir quatre cents mètres alors qu’il m’en restait quatre mille… Comment atteindrais-je le sommet à temps ?


  Admirant les alentours, je vis une stèle gravée. Je ne pus la lire, car elle était entièrement recouverte par le givre. Qu’importe, nous n’avions pas le temps ! Observant les larges marches nordiques taillées à même le roc, je me demandais bien dans quelle direction était le monastère : dans cette parcelle, le chemin était plat, et cela m’embrouillait…


Chasseurs de prime sur le chemin des 7000 Marches


  C’est alors que jaillirent de l’Est deux Rougegardes menés par Orque. À bout de souffle, ils nous accostèrent :

 – Pffff, pffff…

  L’Orque but une partie de sa potion de Respiration Aquatique. Ses compagnons firent de même.

 – Vous manquez d’air. J’ai l’impression que n’êtes pas habitués aux hauteurs alpines…

  Une fois sa vigueur recouvrée, l’inconnu put enfin parler :

 – Te voilà Fëalóciel ! Nous sommes des chasseurs de prime et nous allons te donner une bonne leçon ! Attaquez-la !


  Face à cette agression, je fis immédiatement part de ma tactique à mon allié :

 – Faendal, grimpe sur les hauteurs et arrose-les de flèches ! Je vais leur jouer un mauvais tour !

 – D’accord Fëalóciel !


  Tandis que l’archer se mit à couvert sur un rocher, je raillai les trois voyous afin de les pousser à m’attaquer. Ainsi, Faendal devrait pouvoir me soutenir sans à craindre leurs haches et marteaux de guerre.

 – Vous allez mourir ! Mourir !

 – Caivo Nornova !


  Ils avaient beau à m’attaquer à trois contre un, leur armes lourdes demeuraient bien lentes à manier. De plus, leur vigueur était mise à rude épreuve à cause de l’altitude, ce qui n’était pas notre cas grâce au Souffle de Kynareth. Cela me permit d’esquiver la plupart de leurs coups.

 – Assez ! cria l’un deux après un énième coup de hache dans le vide. Épuisé, il s’écoula sur le sol.

  Leur maladresse me fit bien rire.

 – Tuormë !


Furie contre les Voyous des 7000 Marches


  À ma merci, il se prit le sort de plein fouet. Lorsqu’il se releva, il attaqua ses alliés pour mon plus grand plaisir. Cependant, une vive douleur déchira mon corps : la hache de son compagnon avait entaillé mon flanc !

 – Estónë !

  Ce fut juste : j’avais failli perdre connaissance à cause de l’hémorragie qu’il m’avait infligée. Cependant, le soin avait siphonné mes réserves de Mana, ce qui me contraignit à rejoindre Faendal en attendant de récupérer mon énergie magique.


Combat contre les 3 Voyous d'Olfrid Guerrier-Né


 – Yaaahhh !

  J’esquivai le coup.

 – Attention Fëalóciel. Ne ramène pas les ennemis sur moi ! déplora l’Elfe des Bois.

 – Chacun de son côté ! Toi à gauche, moi à droite ! Maintenant !


  Nous bondîmes de part en part du rocher, esquivant un nouveau coup de hache. Lorsque la tête d’un Orque en surgit, je lui infligeai un nouveau sort de Furie. Désorienté, le hors-la-loi blessa sérieusement son allié proche. Sans hésiter, je l’achevai promptement :

 – Velcar !

 – Nooonn !

  Attisée par mon succès, je réitérai mon sort de furie sur le bandit encore indemne.

 – Tuormë !


  M’éloignant rapidement de l’Orque afin qu’il ne me prenne pas pour cible, je fis signe à Faendal d’en faire de même. Les deux ennemis se tapaient entre eux comme prévu.

 – Maintenant !

  L’un des deux adversaires venait juste de succomber. Tandis que le dernier survivant se retournait vers nous, nous l’accablâmes avec une attaque groupée : Faendal avec ses flèches et moi avec mon feu.

 – Velcar !

  Exténué à cause de l’altitude, il n’eut aucune chance.


  Tandis que nous fouillâmes les cadavres, l’Elfe Sylvain commenta le combat.

 – Beau travail Fëalóciel.

 – Ils n’étaient pas aussi dangereux que le Thalmor.

 – C’est clair. Au fait, pourquoi t’ont-ils attaqué ?

 – Je l’ignore… Attends un peu, j’ai trouvé un papier sur le meneur Orque. Un contrat ?


  Dépliant la feuille, nous découvrîmes ceci :


  Voici la somme convenue. J’espère que vous donnerez une bonne leçon à cette racaille de Fëalóciel. Je n’attends pas sa mort, mais je ne m’en porterai pas plus mal si vous devez lui ôtez la vie.


Olfrid Guerrier-Né


Contrat d'Olfrid Guerrier-Né


  À côté, il y avait une bourse de deux cent septims.

 – Il semblerait que la noblesse pro-Impériale de Blancherive ne m’apprécie guère.

 – Généralement, les Bordecélestes donnent ce genre de contrat lorsqu’ils suspectent fortement quelqu’un de les avoir volés sans que la Garde n’ait pu prouver le délit. Est-ce cas ?

 – Je me souviens que son fils Idolaf m’avait entraperçue lorsque je me suis introduite dans leur maison. Je leur ai dérobé ce rapport impérial, mais c’était pour la bonne cause. J’espère que la famille des Grisetoisons n’a pas subi de représailles à cause de moi…

 – Ne cherche pas plus loin : c’est cela. Étant donné que la Garde ne t’a pas vue, ta victime a dû vouloir se faire justice lui-même en engageant ces chasseurs de prime.


  Dépouillant l’Orque, j’en sorti un gros marteau de guerre.

 – De l’art orque. Berk, ça me répugne. Tu le veux ? Ça sera ta part de butin.

 – Avec plaisir. Mais tu ne vas pas me donner que ça j’espère ?

 – Non. Tu peux aussi prendre leur équipement en acier. Quant à l’or, nous le partagerons une fois à Rivebois.


  Faendal s’équipa d’une paire de bottes et des gantelets en acier. Quant au reste, nous dûmes le laisser : il nous fallait rester léger afin d’atteindre au plus vite le Monastère dont parlait Akatosh, étape obligatoire avant le sommet.

 – Si nous continuons ? Malheureusement, ce nuage de givre m’empêche de savoir dans quelle direction aller. Sais-tu de quel côté est le Monastère ?

 – Les bandits qui nous ont attaqués proviennent forcément de Fort-Ivar, là où commence le chemin des Sept Mille Marches. Ton but est donc à l’opposé, c’est-à-dire à l’Ouest, sur notre gauche.


  Remerciant son sens de l’orientation (cela ne m’étonnait guère pour un chasseur aguerri), nous reprîmes la route. D’après mes estimations, il devait être onze heures. Si peu de temps pour atteindre le sommet… Il me faudrait un miracle. Surtout avec une météo pareille !



  Révélations divines sur la Gorge du Monde


  Progresser le long du chemin des Sept Mille Marches ne fut pas aussi difficile que je le craignais. Endurcis par notre foi, nous parcourûmes près de trois kilomètres en une heure sans avoir rencontré le moindre ennemi.

 – Loué soit le Souffle de Kynareth ! Sans cela, nous aurions été obligé de faire une halte tous les quarts d’heure.

 – Malheureusement, ce brouillard givrant limite toujours notre vision, déplora mon compagnon. Est-ce que les nuages s’étendent aussi haut que la montagne ?

 – J’espère que non. Je m’imagine mal parcourir tout ce trajet la tête dans la brume.

  Un grognement s’éleva devant nous.

 – Tu as entendu ? me fit remarquer Faendal.

 – Oui. Mais difficile de savoir ce que c’est : la neige couvre nos voix.

 – Cela provient de cette tranchée devant nous.

 – Malheureusement, nous devons nous y engager. Notre route passe par là.


  À peine eûmes nous fait quelques pas qu’un Troll de Glace nous attaqua ! Je me rappelai avoir lu un livre à Blancherive qui mentionnait comment vaincre ces monstres : avec du feu ! Malheureusement, le Troll de Glace demeurait le plus redoutable de tous.

 – Faendal : reste en arrière et assaille-le de traits. Je vais me charger de le faire cuire !

 – Bien reçu !

 – Velcar !


  Le monstre poussa un hurlement de douleur. Il me chargea. Bondissant à côté de lui, je ne pus esquiver qu’à moitié ses poings, ce qui me fit trébucher.

 – Estónë !


Troll de Glace au Haut Hrothgar


  Malgré ma souffrance, je me relevai promptement avant que la bête ne vint m’écraser de tout son poids. Une fois à bonne distance, je réitérai mon sort de Flammes à deux mains.

  Vu que le Troll n’arrivait pas à me tuer, il décida de s’en prendre à Faendal.

 – Hé, viens par ici sale bête ! Velcar !

 – Orrrggghhh !

  Il se retourna, ce qui permit à Faendal de lui asséner une flèche dans sa nuque à bout portant. Le monstre vacilla. Sans hésiter, je décidai d’y mettre tout mon ardeur afin de l’achever au plus vite.

 – Velcar !!!

  Le Troll de Neige s’enflamma. Hurlant de douleur, il se mit à courir dans tous les sens avant de s’écouler avec fracas sur le sol. Nous l’avons vaincu !


  Tandis que j’extrayais la graisse de ma victime, j’aperçus la lueur du soleil filtrer à travers les nuages.

 – On dirait que le brouillard se dissipe sur ces hauteurs. Allons voir !

  Quelques foulées plus tard, la brume s’étendait sous nos pieds. Seuls les plus hauts pics perçaient à travers. Dorénavant, plus rien ne masquait le soleil hormis quelques voiles de haute altitude.

 – Akatosh avait raison : nous sommes plus hauts que les nuages !


Au-dessus des Nuages


 – Quel spectacle magnifique…

 – Voyage léger par-delà les nuages ! Je me souviendrais toute la vie de cette phrase.


  Tout en poursuivant notre chemin, nous ne pûmes nous empêcher d’admirer le paysage. Même les épais nuages de ce matin finirent par se dissiper, nous dévoilant ainsi les vastes terres qui s’étendaient à l’Ouest de la Gorge du Monde.


Magnifique vue sur le Tertre des Chutes Tourmentées


 – Là-bas ! Je reconnais le Tertre des Chutes tourmentées.

 – Il a vraiment l’air tout petit d’ici. Tu crois qu’on peut apercevoir Rivebois ?

 – Non : des montagnes masquent sa vue. Mais je suppose que ça doit être par-là.



  Après une lieue de randonnée alpine, le monastère aperçu dans mes rêves fut enfin en vue. Perché à cinq mille cinq cent mètres d’altitude, l’endroit inspirait la dévotion.


Le Haut Hrothgar et la statue de Talos


 – Je n’arrive pas à y croire ! J’ai atteint le Haut Hrothgar ! Merci Fëalóciel ! Désormais, je prierai les Neuf Divins tous les jours.

 – La statue de Talos ! criais-je sans faire attention aux dires de Faendal.


  Sans perdre une minute, je m’agenouillai devant l’ancien Empereur et me mis à le prier. Sa réponse ne tarda guère.

 – Ma digne héritière, tu as réussi la première partie de cette Quête. Au nom d’Akatosh, je tiens à te féliciter. Cependant, ton ascension n’est point achevée. Tu devras continuer seule jusqu’au sommet. Il ne te reste que sept heures, mais je sais que tu peux y arriver. Conjointement à sa bénédiction, voici la mienne. Sois légère comme le vent. Par la grâce des Divins, trouves ton chemin et escalade la montagne hors des sentiers battus !

  Talos prit son inspiration :

 – Dun Viing Lok !

DUS ViNG LOK


  Une aura lumineuse m’enveloppa. Allégée par la Voix de Divin, mes pas foulèrent la neige avec grâce. Je ne pus m’empêcher de montrer cela à mon compagnon :

 – J’ai presque l’impression de flotter. Regarde : mes pieds ne laissent même pas de trace au sol !

 – Les Dieux t’octroient d’étranges bénédictions.

 – Je pense que cela doit m’aider à escalader promptement la montagne. Allégée ainsi, mon ascension devrait être beaucoup plus rapide que ce matin. Trois heures pour gravir quatre cents mètres, je m’en souviendrai longtemps.

 – Je suppose que comme prévu, il va falloir bientôt se séparer…

 – Oui. Mais tant que je n’ai pas trouvé le chemin de Talos, tu pourras encore me suivre.


  Nous partîmes en quête du chemin hors des sentiers battus. Le Monastère étant soigneusement fermé à clé, cela signifiait que ma voie n’était guère ici. Même un mur invisible m’empêchait de passer sur les côtés, ce qui me frustra grandement.

 – C’est un sortilège des Moines de ce temple. Ils sont les gardiens du sommet de la montagne et ont pour tâche de le préserver des impurs, d’où cette barrière magique. Cependant, il existe un autre chemin que Talos t’a mentionné, et c’est à toi de le trouver, me fit remarquer Akatosh.


  En guise de consolation, je m’emparai des quelques offrandes (des ingrédients alchimiques) laissées au pied de l’édifice, puis je rebroussai chemin avec Faendal.

 – Mon ami, quel est l’endroit le moins rude de la montagne ?

 – Je réfléchis… Hum…

  Je désespérais de trouver le chemin caché des Dieux. Pourquoi ce monastère se met-il de toute sa longueur en travers de ma route ?

 – Fëalóciel, viens-me voir. Je vais te donner une piste.

  Ce fut la voix de Talos. Revenant vers sa statue, il me plongea dans une transe.

 – Voici à quoi ressemble le chemin par-delà le Haut Hrothgar.

  Il prit une nouvelle impulsion :

 – Miin Staadnau !

MiN STaDNAU


  Grâce à la vision de Talos, mon esprit put survoler l’arrière du monastère ainsi que la longue route balisée qui serpentait jusqu’au sommet de la Gorge du Monde. De nombreux obstacles jonchaient le chemin, des Spectres de Glace en passant par des enchantements de souffle glacial infranchissables sans avoir le pouvoir approprié.

 – Maintenant que tu as vu par où passait la Voie des Moines, trouves la tienne hors des sentiers battus. Si tu réussis à rejoindre cette piste suffisamment loin, tu pourras poursuivre jusqu’au sommet.

 – Merci de ton aide ô Tiber Septim !

  Parallèlement, je me demandai bien quel était cet étrange pouvoir que le Divin utilisait… On dirait la même magie employée par Alduin… Talos – qui avait lu dans mes pensées – me confia :

 – Akatosh t’offrira la réponse au sommet de la montagne. Ne perds pas ton temps. Va Fëalóciel !


  Analysant le tracé de la Voie des Moines, je le comparai à ma carte. Prise d’une illumination, je compris par où je devais passer.

 – Faendal ! Retournons au flanc Ouest de la Gorge du Monde, là où je t’avais montré le Tertre des Chutes tourmentées. Je sais par quel côté je dois gravir la montagne.

  Sans plus tarder, nous rejoignîmes le point de ralliement au petit trot. Le trajet mit vingt minutes. Plus que six heures avant le coucher du soleil et près de trois mille mètres à gravir pensais-je… Pourvu que la bénédiction de Talos me soit salutaire.

 – Attends-moi ici. J’en aurai au moins jusqu’au crépuscule. Si tu te sens en forme, va chercher l’équipement sur les dépouilles des bandits. La bénédiction d’Akatosh durera jusqu’à la nuit noire. Tu n’auras donc pas à craindre la montagne pendant mon absence.

 – Bonne chance ma sœur. Fais bien attention à toi. Que Kynareth te guide !


La Gorge du Monde m'écrase de toute sa hauteur


  Levant le regard, je constatai que la montagne m’écrasait de toute sa hauteur. Je craignais de faire une chute mortelle. Mon courage et ma persévérance seront mis à rude épreuve.

 – Akatosh, Talos, Kynareth… ne m’abandonnez pas.


  Je débutai mon ascension : Alors mes craintes disparurent, car la Légèreté Gracieuse se révéla être d’une efficacité redoutable. En effet, ce pouvoir ralentissait mes chutes, ce qui signifiait que je n’avais plus à les craindre.

  Infatigable grâce au Souffle de Kynareth, inébranlable grâce à la Chaleur Draconique (malgré l’air extrêmement glacial), je gravis les rochers sans crainte de tomber. Pour couronner le tout, il n’y avait quasiment pas de vent, ce qui me permit de tenter des sauts osés.


  Après une heure d’ascension et un kilomètre de gravi, je fis une petite halte pour admirer le paysage. Bien que le ciel était dégagé, le lac Ilinalta demeurait à peine visible tellement la distance était grande. L’idée que mon regard pouvait porter aussi loin me ravissait.


Panorama de Bordeciel à 6000 mètres d'altitude


 – Je peux accomplir cette quête dans les temps ! J’y arriverai !

  Motivée par ma rapidité, je poursuivis l’escalade. Alors que le sommet n’était plus qu’à mille mètres, je constatais que j’étais à hauteur des premiers cirrus, les nuages de très haute altitude.

 – Je m’élève tellement au point que mon regard est limité par l’air lui-même…


À 7000 mètres d'altitude sur la Gorge du Monde


  Le soleil indiquait quatre heures lorsque j’atteignis mon objectif : le contrebas de la Voie du Moine à l’endroit où son sentier décrivait un lacet sur le flanc Sud-ouest du mont. Je savais que le chemin n’était qu’à vingt mètres au-dessus-de moi, mais la roche mère s’opposait verticalement à ma progression. Comment la gravir ?

  Prenant mon courage à deux mains, je décidais d’exploiter mon don de chute ralentie. Grimpant sur un grand rocher qui faisait face au chemin, je pris mon élan et fit le grand saut…

 – Ahgrr !

  Au-dessous de moi s’étendait un vide de quinze mètres. Seule une main me retenait. La Légèreté Gracieuse me permit de m’agripper à la façade et de gravir laborieusement les cinq mètres restants. J’avais atteint la Voie des Moines !


  Conformément à la vision que m’avait offerte Talos, seul un Souffle de Glace restait à franchir. Je savais que la température frisait le zéro absolu au cœur de ce blizzard : la Chaleur Draconique n’y résisterait pas. Ainsi, il me faudra contourner le maléfice par en-dessous et atteindre cette plateforme douze mètres plus bas. Sinon, je serai bonne pour faire demi-tour. Enfin, j’aurai à jouer une ultime fois des mains pour remonter sur le sentier.


Un blizzard magique difficile à franchir


  Ma pensée se tourna vers les Divins :

 – Akatosh, aide-moi. Il s’agit de mon dernier obstacle avant le sommet. Je ne peux échouer si près du but !


  Prenant mon élan, je sautais à droite du monticule… Mais pas suffisamment ! Le souffle glacial me blessa et fit dévier ma trajectoire.

 – Non !

  De justesse et avec l’aide du Pouvoir Temporel d’Akatosh, je réussis à m’agripper au rebord de la plateforme. Un peu plus et je tombais dans le vide. Louée soit la bénédiction de Talos !

 – Estónë !


Sort de soin sur la Gorge du Monde


  Une fois soignée, je gravis la façade afin de retrouver le sentier, non sans peine. Mais je savais qu’au-delà, plus rien ne s’opposerait à ma progression !



  La concrétisation de tous mes efforts arriva une demi-heure plus tard : j’avais enfin atteint le sommet ! Aveuglée par un soleil déclinant, j’aperçus une sorte de pierre dressée jaillissant par-dessus les neiges éternelles. Une tête de Dragon y était représentée.


Ascension de la Gorge du Monde réussie


 – Approche mon enfant.

  Timidement, je m’avançais vers ce mur sculpté. Il devait bien faire dix mètres de hauteur.

 – Assis-toi dos à cette pierre et ferme les yeux ma fille.

  Plongée dans une transe forcée, Akatosh se dévoila.


Akatosh apparait à la Gorge du Monde


 – Tu as réussis Fëalóciel. Tu as atteint le sommet de la Gorge du Monde avant le coucher du Soleil. Ainsi, tu t’es montrée digne du sang qui coule dans tes veines. Par conséquent, je vais te révéler un secret. Comme tu le sais, ton nom en Elfique signifie « Fille de Dragon ». Ce n’est pas que symbolique : tu es réellement une Fille de Dragon.

  J’en fus abasourdie :

 – Fille de Dragon ? Comment est-ce possible ?

 – Peu après ta naissance, tes parents ont utilisé mon Ancien Parchemin pour élever ta destinée au rang de Tiber Septim. T’es-tu demandée pourquoi je t’ai toujours protégée de la mort depuis tout ce temps ?

 – C’est un don hérité de mon père ?

 – Tout comme lui, tu es une Élue de Nirn. Ton avenir est écrit sur les Anciens Parchemin, ce qui fait que je ne peux te laisser mourir tant que tu n’auras pas accomplis ta destinée. En tant que Fille de Dragon, la tienne est directement liée à ces créatures. Réfléchis… Ne t’es-tu pas sentie comme en symbiose avec eux ?


  Me rappelant du livre que j’avais lu au Donjon d’Helgen ainsi que du contact psychique avec Alduin, je commençai à comprendre.

 – Mon sang m’octroie le même pouvoir que les Empereurs de Tamriel…

 – En effet. Sais-tu quel est ce pouvoir ?

 – Je comprenais presque ce que me disait le Dragon d’Helgen… Sa langue m’était familière et je fus la seule à pouvoir l’entendre. De même, les incantations que Talos avait employées pour me bénir étaient formulées dans cette même langue. Ce n’était pas de l’Elfique. Qu’est-ce donc ?

 – Il s’agit de la langue Draconique : celle employée par les Dieux eux-mêmes. Ta parole devient pure magie si tu t’es imprégnée de son sens.

 – Possèderais-je donc le pouvoir de la Voix ? Celui pour lequel Talos est célèbre…

 – …Et celui qu’Ulfric a utilisé pour vaincre le Haut-Roi de Bordeciel, poursuivit Akatosh. Oui Fëalóciel, tu possèdes ce don. N’as-tu pas senti la Magicka comme perturbée lorsque tu t’es mise à crier ?

 – En effet, et particulièrement lorsque je m’imaginais dans la peau d’un Dragon.

 – C’est la manifestation de ton pouvoir Draconique. Il sommeille en toi, mais il ne demande qu’à s’épanouir. Ton Thu’um a un énorme potentiel Fëalóciel. Tu excelleras dans la Draconia, ce qui fera de toi la plus grande Dragonnière que Nirn n’ait jamais vue.

 – Draconia ? Dragonnière ? Thu’um ?

 – Tu chasseras les Dragons et tu les chevaucheras. Mais avant, il te faudra libérer ton Thu’um ou Voix de la Tempête… C’est le principe même de la Draconia, la Magie Draconique.

  D’innombrables pensées se bousculaient dans la tête… Tant de révélations ! Je n’arrivais plus à répondre.

 – …Ta Voix est le plus grand don que je t’ai offert. Sa puissance surpassera toutes les magies, car elle tire son essence du divin même…

 – Com… comment pourrais-je libérer mon pouvoir ? demandais-je timidement. Je n’ai pas la moindre connaissance en magie Draconique !

 – Connais le Mot et tu contrôleras la chose. Pour cela, il te faudra t’imprégner du plus profond de son sens. Seuls les Murs de Mots tels que celui-ci te permettront d’en saisir toute la subtilité. Chaque Mur t’octroiera la connaissance d’un seul Mot draconique.

  Je voulus me retourner pour scruter la façade derrière moi.

 – Celui-ci est usé par le givre, inutile de tenter de le lire.

 – Où puis-je en trouver ?

 – Sois patiente : tu en découvriras au cours de tes aventures. Quelques êtres pourront même t’enseigner certains Mots. Cependant, cela ne sera pas suffisant pour maîtriser la Draconia…

 – Que me faut-il d’autre ?

 – Les Mots Draconiques tirent leur essence du Divin dans l’Aetherius, mais cela n’est pas le cas dans le Mundus. Sur Nirn, seuls les Dragons peuvent donner vie à ces mots. Lie-toi à eux, et la puissance de ton Thu’um se libérera.

 – Comment me lier aux Dragons ?

 – Suis ton instinct. Cela fait partie de ta destinée. Tu le comprendras bien assez vite au cours de ton aventure. N’oublie pas qu’en tant que Fille de Dragon, ces créatures te considèreront comme leur égal… Dovahkiin.

 – Dovahkiin ?

 – « Enfant de Dragon » dans leur langue. Tu auras assez vite l’occasion de l’entendre. Lorsque cela se produira pour la première fois, c’est que tu auras accompli une étape importante de ta destinée. Cependant, ta tâche ne sera pas aisée. La Prophétie mentionnant le réveil d’Alduin s’est réalisée. Il te faudra le combattre avant qu’il ne dévore le monde.

 – Alduin ? Le Dragon noir qui a attaqué Helgen ?

 – Oui ma fille. Sache qu’il s’agit de mon fils…

 – Attends Akatosh… Cela signifierait-il que je suis la sœur d’Alduin ?

 – Tu l’es…

  Je n’arrivai pas à le croire. Moi, la sœur d’Alduin ? Vraiment ?

 – …spirituellement. Seules vos Âmes sont liées. Mais physiquement, tu restes la fille d’Elenwen et d’Ancalë.

  Je fus à moitié rassurée. Cependant, la révélation me laissa bouche bée.


 – Fëalóciel, seule toi peux le vaincre. Ainsi est écrite la Prophétie. Rétablis la paix parmi les Dragons et refonde l’Ordre des Dragonniers d’Akavir, telle est ta Quête ! Maintenant, vas ma Prophétesse. Mais je te préviens : il ne te reste quelques jours pour renforcer tes pouvoirs avant que les Dragons ne ravagent Bordeciel.

 – Ô Akatosh, prédis-tu que le pays entier se fera attaquer par des Dragons ?

 – Ce n’est pas une prédiction. Cela se produira. Tu devras défendre les Bordecélestes contre cette menace.

 – Et si je ne suis pas assez forte ?

 – Mon Pouvoir Temporel retardera autant que possible l’invasion draconique. Cependant, Alduin n’est plus Hors du Temps. Il tentera tout pour faire revenir ses alliés dans le Mundus. Sa Volonté demeure très grande : je ne pourrai le retenir éternellement. Sois prête lorsque cela se produira.


  Je fus un peu froissée par cette révélation. Les Dieux ne se servent-ils pas de moi ? Si Akatosh demeure la divinité la plus puissante de l’Aetherius, pourquoi n’est-il pas capable de se charger lui-même de ce Dragon qui menace notre monde ?

 – Telle est la Prophétie écrite dans les Parchemins des Anciens. Aies confiance Fëalóciel. Tu réussiras, car tu es l’Élue. Tes actes héroïques seront glorifiés par les bardes pour des siècles et des siècles. L’Histoire n’oublie pas les Champions. Songe-y.

 – Je ne te décevrai point ô Akatosh.

 – Maintenant, va quérir la récompense de ton ascension. Tout en haut de ce sommet, tu trouveras une pioche magique. Elle fut forgée par un artisan inconnu que nous surnommons “Notch”. Cela devait te permettre te t’initier dans “l’Art du Minage”.

 – Merci pour ce cadeau ô Dieu du temps.

 – Que ma bénédiction te mène vers les sentiers glorieux de ta destinée fille d’Elenwen et d’Ancalë !


  Akatosh quitta mon esprit. Mettant fin à ma transe, je me hâtais de gravir les cents mètres qui me séparant du point le plus haut de la Gorge du Monde. Le soleil déclinait et je n’avais pas envie de dévaler la montagne de nuit.


La Pioche Ébréchée de Notch (Oeuf de Pâques)


  Comme promis, je découvris tout en haut la Pioche ébréchée de Notch. Étrange… Elle a pourtant l’air de n’être qu’une simple pioche… Cela ne m’empêcha pas de m’initier au minage comme l’avait dit Akatosh. Ainsi, je pus extraire de la Malachite ainsi que de l’Ébonite. Je me demande bien ce que j’en ferai…


Minage au sommet de la Gorge du Monde


  Après avoir admiré une dernière fois le merveilleux panorama de Bordeciel, j’estimai qu’il était temps de redescendre. J’en aurai pour plusieurs heures : pourvu que les bénédictions d’Akatosh et de Talos tiennent suffisamment longtemps.


Au sommet de la Gorge du Monde


  Dévalant la pente, je pris du plaisir à savoir que la Légèreté Gracieuse me soutenait toujours. Ainsi, je pus dévaler les trois kilomètres de dénivelé qui me séparaient de Faendal en seulement deux heures. L’Elfe des Bois fut heureux de me retrouver.

 – Te voilà enfin sœur d’armes. As-tu réussi cette quête divine ?

 – Oui ! Akatosh m’a révélé tellement de choses… Mais dépêchons-nous. La nuit est presque noire, et je crains que notre bénédiction s’estompe bientôt…

 – J’ai eu le temps de retourner chercher l’équipement des bandits que nous avons laissé, à l’exception de la ferraille trop lourde et sans valeur. Doit-on redescendre tout ceci ?


  J’observais son butin. Il n’y avait pas grand-chose de valeur. Mais au moins, ce barda ne pesait pas grand-chose.

 – Oui. Cela nous fera quelques pièces d’or de plus. Cependant, le trajet nous prendra un jour entier si nous devons rejoindre Rivebois par le même chemin qu’à l’aller. Il y a-t-il un raccourci ?

 – J’ai eu le temps d’examiner les environs. D’après mon sens de l’orientation, nous pouvons rejoindre Rivebois en coupant directement par là. Mais descendre la montagne de dos sera dangereux.

 – Je vais t’alléger de ton poids. Passe-moi ce qui est trop lourd pour toi. Grâce à la bénédiction de Talos, je souffrirai moins de ce fardeau que si tu le portais.

 – Merci ma sœur. Si nous partions maintenant. Avec un peu de chance, nous pourrons atteindre Rivebois avant minuit. C’est à moins de dix kilomètres à vol d’oiseau.

 – Tu veux dire à vol de Dragon ? répondis-je avec humour.

  Nous rîmes un bon coup.

 – Allons-y. Nous sommes encore à cinq mille mètres d’altitude, ne l’oublions pas.


  Sans plus tarder, nous entamâmes la périlleuse descente. Le chemin que nous improvisions était seulement praticable dans ce sens.

 – Comment fais-tu pour retomber aussi lentement ? me fit remarquer Faendal, impressionné.

 – C’est la Légèreté Gracieuse, la bénédiction de Talos.

 – Attends-moi ! Je ne peux pas te suivre aussi facilement.


  À mi-chemin, nous crossâmes le Cap Célestal Nord. J’hésitais à jeter un coup d’œil dans ce Donjon, mais la fatigue me poussa à renoncer. Et puis Faendal refusait catégoriquement d’y rentrer.

 – J’ai eu ma dose d’aventures depuis hier. Poursuivons notre route s’il te plait.



  Alors que Rivebois n’était plus qu’à deux kilomètres, une mauvaise surprise m’arriva. Juste au moment où je m’élançai pour un énième grand saut, les bénédictions divines cessèrent tout à coup !

 – Ahhhhhh !


Une chute dangereuse


  Je m’écrasai avec fracas contre le sol. Faendal arriva pour me prêter main forte.

 – Est-ce que ça va Fëalóciel ? Tu es gravement blessée.

 – J’ai déjà vu pire. Estónë !


  Une fois guérie de mes blessures, ce fut autour du froid de se faire ressentir.

 – On dirait que la bénédiction de tes Dieux s’est estompée.

 – Je confirme : je viens d’en faire la douloureuse expérience. Heureusement que nous ne nous sommes pas attardés au Cap Célestal.



  Après une ultime heure d’une descente faite avec toutes les précautions nécessaires, nous fûmes bien heureux de revoir Rivebois. Faendal m’invita chez lui. Vint l’heure de partager notre butin. Je redoutai ce moment.

 – Tu me donnes que cent septims Fëalóciel ? Et pour tout ce butin ? Que vas-tu en faire ? N’oublie pas que je t’ai sauvé la vie plusieurs fois et que je t’ai partagé de nombreux secrets à l’arc.

 – Je t’ai aussi sauvé la vie plusieurs fois. C’est de l’aide mutuelle. Partant sur ce principe, nous sommes quittes, non ?

 – Tu peux en moins partager le butin en deux ? Je ne vais pas rester avec des gants en aciers, des bottes de plates, un marteau orque et cent pièces d’or ?

 – Je t’ai donné une vingtaine de potions. Malheureusement, tu les as toutes englouties en affrontant le Thalmor.

 – À la base, je ne voulais pas les combattre. C’est ton Dieu qui me l’a imposé.

 – Du calme tous les deux ! Et fais attention à tes dires Faendal !


  Akatosh n’avait guère apprécié ses paroles, ce qui ne l’empêcha pas de jouer le médiateur. Lorsque le Dieu Dragon conclut notre dispute, il fut convenu que l’Elfe Sylvain recevra neuf cent septims de ma part et gardera l’équipement qu’il porte. Tel était le prix à payer pour qu’il ne sente pas frustré. Moi qui le croyais attiré par l’aventure et non par l’appât du gain…

 – Cent septims, c’est ce que Faendal gagne chaque jour à la scierie. Vu qu’il avait risqué sa vie de nombreuses fois pour toi, il attendait une plus grande reconnaissance de ta part.


  De mauvais poil, je me rendis chez Hod pour m’y rassasier et me reposer. Ce fut vraiment dommage que cette journée si épique se soit achevée par un différend avec Faendal… J’espère que nous nous réconcilierons.



  Durant cette nuit, je fis un rêve merveilleux et étrange. Me voyant traverser une porte près du sommet de la Gorge du Monde, je découvris un immense château dans l’Aetherius. Alors que j’arrivais dans la salle royale au fil de ma très longue visite, je tombais nez-à-nez devant Alduin, gardien d’un magnifique trône. Sa vue me réveilla.


Domaine Dovahndor - Trône d'Alduin


 – Il s’agit du Domaine Dovahndor, un immense palais situé à Sovngarde. Le jour où tu pénètreras dans ce plan de l’Aetherius, tu auras le privilège d’y être accueillie en tant que Fille de Dragon.


  La nuit promet d’être longue…


Petite frise elfique noire

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